
Le désert
En 2018, je suis partie marcher 10 jours dans le désert tunisien.
Cette expérience unique aura définitivement changée ma vie et mon rapport au monde. Pourtant, cette renaissance n'a pas été sans difficulté mais c'était sans compter sur cette "sage" femme, Anne Simon, qui avec sa bienveillance et son intelligence aura su accompagner la souffrance pour qu'émerge la joie.
En février 2018, je traverse une période complexe, j'ai l'impression de subir ma vie plus que de la vivre et cela malgré mes nombreuses décisions précédentes. J'ai quitté, quelques années auparavant, un emploi qui ne me procurait plus que du stress et de la frustration pour bâtir un projet qui correspondait à mes aspirations profondes.
Pourtant, je ne trouvais pas mon équilibre.
Dans ces moments, j'ai l'immense chance de pouvoir trouver refuge auprès de ma chère cousine Corinne. Elle m'a donc accueillie et écoutée, mais comme elle ne saurait me laisser partir sans ouvrir quelques placards et autres vieux tiroirs où restent enfouis peurs et chagrins, elle m'a donnée quelques clés et beaucoup d'amour.
C'est ainsi que je prends la décision de partir avec Anne Simon et Kamel-Transhumance, faire le travail de Byron Katie dans le désert tunisien.
Il y a eu le désert, avec ce qu'il offre de grandeur et d'infiniment petit, avec ce qu'il donne de possibles et de désirs. Le désert, avec sa force et sa générosité, comme s'il comprenait notre cheminement, comme s'il percevait notre détresse, il accueille, mieux il absorbe et semble nous dire " donne, laisse, confie-moi ce fardeau, j'ai assez de force et d'espace pour tout ce chagrin, donne et prends, je t'offre mon ciel, chaque grain de sable, les millions d'étoiles pour emplir le désert de ton cœur et y faire naître l'immensité".
Il y a eu Anne Simon et le travail de Byron Katie, des heures d’exercices, de répétitions, de remises en question, des jours et des jours de retournements, d’explorations et puis, le jour, la minute où tout bascule, où la souffrance montre son vrai visage, où le mental crie sa rage parce qu’il sait qu’il va devoir céder, en quelques secondes, l’effondrement de toute une vie de croyances, encore quelques résistances, lutter encore un peu, comment quitter sa peau de chagrin pour enfin naître à soi ? … et au sommet d’une dune, la main tendue d’une âm-ie qui vous accueille… nue, telle que vous êtes.
Il y a eu les chants de Zouzou qui rythment marches et méditations, il y a eu les rituels répétés de chaque jour comme une transe, comme une danse, il y a eu les longues marches, les douleurs, les amis qui vous encouragent, ce chant dans une source d'eau chaude, les danses autour du feu sacré, les nuits glacées où le silence devient musique.
Et au retour, il y a eu, devant le miroir des sanitaires d’un restaurant de Djerba, cette femme que je n’ai d’abord pas reconnue avant que je comprenne que ce reflet m’offrait mon vrai visage.
Alors, aujourd’hui, je repars, le cœur empli de joie et de paix, heureuse de vivre cette nouvelle expérience, impatiente de découvrir ce que le Travail va faire naître en moi, curieuse de lever encore tant de mystères et prête à aimer ce qui est, cet instant béni où tout est, où rien n’existe.